Les prisonniers palestiniens au cœur de la guerre

« Quand il y a des otages israéliens, là, vous venez me voir ! », remarque dans un sourire Qadura Fares, le ministre de l’Autorité palestinienne chargé des détenus palestiniens en Israël, qui reçoit dans son vaste bureau surplombant Ramallah. Dans la société palestinienne, la question des quelque 240 Israéliens et étrangers – des civils dont des enfants et des personnes âgées, ainsi que des soldats et des policiers – détenus par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre est indissociable de celle des Palestiniens enfermés dans les geôles israéliennes, dont le nombre s’élève à 6 700 selon l’ONG israélienne Hamoked.

Le mouvement islamiste a fait de la libération de ces prisonniers, considérés dans les territoires occupés comme des « otages », arbitrairement retenus par la puissance occupante, l’un des objectifs de son attaque sur le territoire israélien qui a fait 1 200 morts. « Ce que nous avons entre les mains va faire libérer tous nos prisonniers », se réjouissait, le 7 octobre, Saleh Al-Arouri, un haut responsable du Hamas, convaincu de détenir une carte susceptible de replacer le mouvement islamiste au centre du jeu politique palestinien.

« Israël ne pourra pas libérer ses prisonniers [à Gaza] par la force avec une opération militaire, affirme Qadura Fares. Il n’a plus qu’une seule issue : les négociations. » En échange de ses otages, le Hamas exige la libération de tous les prisonniers palestiniens, dont les 550 qui sont condamnés à la prison à perpétuité, d’un seul coup ou par phase. Une demande maximaliste rejetée par Israël. En revanche, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a approuvé un accord impliquant la libération de cinquante femmes et enfants aux mains du Hamas, contre celle d’environ cent cinquante Palestiniens derrière les barreaux israéliens et un cessez-le-feu de quatre jours.

« On est dans une dimension très transactionnelle entre les autorités israéliennes et les groupes politiques palestiniens, observe Stéphanie Latte Abdallah, directrice de recherche au CNRS et auteure de l’ouvrage La toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021). Les condamnations des prisonniers palestiniens se caractérisent par de très longues peines, avec aucune gestion individualisée et quasiment aucune possibilité de remise de peine. La seule manière de sortir, ce sont les échanges. »

Un ancien détenu d’une prison israélienne, à Bethléem (Cisjordanie occupée), le 13 novembre 2023.

Depuis plus de deux ans, en réponse à un soulèvement armé larvé en Cisjordanie, Israël a multiplié les arrestations. Le mouvement s’est encore accéléré après l’attaque du 7 octobre. Le total de 6 700 prisonniers, calculé par HaMoked, le plus élevé depuis treize ans, comprend 2 300 personnes condamnées, 2 300 en attente de procès et 2 000 en détention administrative, montant record sur les vingt-cinq dernières années.

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