Criminalité. Au Venezuela, une opaque reprise en main des prisons

C’est lourdement équipés que des milliers d’agents de la Garde nationale ont investi des prisons situées plusieurs départements du pays. Ces interventions, commencées le 20 septembre et qui se sont achevées le 30 octobre, visaient à déloger des détenus membres de gangs.

Ces derniers y disposaient de restaurants, de boîtes de nuit, de piscines et même d’un zoo pour la plus célèbre des prisons, celle de Tocorón, où sévissait le violent gang du Tren d’Aragua, qui terrorise tout le continent.

Lors d’un long discours télévisé le 6 novembre, le président Nicolás Maduro a qualifié l’opération de “succès total”, précise le média Tal Cual Digital.

Étranges coïncidences

Mais, selon l’opposition, il s’agit surtout d’un spectacle médiatique qui cherche à détourner l’attention alors qu’approche l’élection présidentielle de 2024.

La première opération, dans la prison de Tocorón le 20 septembre, a ainsi coïncidé avec la présentation des conclusions d’une mission de l’ONU qui a déterminé que “la population [était] toujours victime d’attaques de l’État”. À Trujillo l’opération a été menée alors qu’une audience de la Cour pénale internationale étudiait les violations des droits de l’homme commises par des agents de l’État, tandis que celle menée à Tocuyito avait lieu au moment où les primaires remportées par l’opposition étaient rejetées par le régime, assure le média Efecto Cocuyo.

Et dans un système carcéral qui peut accueillir environ 20 000 prisonniers, déjà saturé à 164 %, “les 9 000 détenus expulsés des sept centres surpeupleront encore plus les centres dans lesquels ils seront placés”, déplore le site d’information en ligne.

Tal Cual Digital critique également “le manque de transparence” des interventions menées par les autorités, qui n’ont pas mentionné la quantité d’armes saisies ni le nombre de détenus décédés : au moins 16, d’après ses calculs.

Des détenus auraient eu le temps de fuir

C’est peut-être l’Observatoire vénézuélien des prisons, une ONG respectée, qui supervise depuis 2002 l’état du système pénitentiaire, qui a fustigé le plus durement l’opération menée par le gouvernement chaviste.

Elle a assuré que la reprise des prisons a été négociée avec les chefs de gang appelés pranes (acronyme de presos rematados, asesinos natos, “tueurs-nés, toujours en taule”), ce qui expliquerait qu’ils aient eu, pour la plupart, le temps de fuir avec leurs biens et leurs plus proches collaborateurs.

Cité par le média Runrun, l’observatoire assure que le gouvernement “ment” lorsqu’il déclare la fin du règne des pranes au Venezuela, alors que d’autres prisons sont encore dirigées par des criminels qui se font au moins 50 000 dollars par mois en extorquant les autres détenus. Une somme à laquelle il faut ajouter les “autres actes illicites commandés depuis la prison mais perpétrés par des criminels qui traquent la population civile sous le regard inerte du régime”.

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